voyage chez les Lobis, fin

Bonjour Chacune, Chacun,

Dernier jour de visite : le sanctuaire des Gans, et les ruines de Loropéni.

Pour les lobis, le caméléon apporte la prospérité. Au marché de Loropéni, nous trouvons donc des étals avec les ingrédients pour les gri-gris, peaux d’animaux divers – y compris des félins, des mains gorilles qui elles viennent de loin, il n’y a pas de gorilles ici, des carapaces de pangolins -, des cloches utilisées par les féticheurs pour communiquer avec les esprits, des bracelets, pendentifs en forme de caméléon. J’en prends un tout petit que je glisse dans mon porte-monnaie : qui sait ?

Le peuple Lobi comprend en fait 7 groupes différents – dont les gans – et chaque groupe a un roi. Chaque village est inféodé à l’un des rois,  et ce sont donc les coutumes du peuple de ce roi qui sont la règle, quel que soit le groupe auquel on appartient. Par contre, seuls les personnes de son peuple sont ses sujets – au sens lui doivent le respect selon les normes en vigueur.

Pour les Gans, il y a un sanctuaire. En fait, les corps ne sont pas enterrés là – ils le sont dans la cour royale d’après ce que j’ai compris -, mais c’est là que se tiennent les rituels publics. Notre guide est une des femmes du roi, la seule qui ne soit pas de lignée royale et qui peut donc sortir du palais.  Il semble que ce soit un vrai panier de crabe entre ces dames, et que le roi ne soit pas étranger aux rivalités qui opposent les épouses les unes aux autres. Il y a deux lignées qui alternent pour le pouvoir – à cause d’un roi cruel qui a fini grâce à une femme par se rendre compte de sa cruauté, et en remerciement a permis que d’autres que sa lignée prennent le pouvoir.

Tous les sanctuaires sont identiques, et les statues à l’intérieur aussi – sauf pour les 4 reines -.  Les premiers souverains étaient des reines, qui ont donné le pouvoir aux hommes je n’ai pas bien compris pourquoi. Chaque cénotaphe a son étiquette, et les sanctuaires sont en train d’être rénovés, avec l’aide du Danemark il me semble.

Les ruines de Loropéni sont une immense énigme : une ceinture rectangulaire de 4 à 5 mètres de haut, 2 ou 3 grandes ouvertures qui devaient servir de portes, et des murs à l’intérieur. A l’extérieur, un haut fourneau. Les études préliminaires indiquent une occupation du site du XIème siècle au XIXème, mais il n’y a aucun indice sur la fonction de la forteresse.  Les ruines sont au bout d’un chemin rouge, nous sommes les seuls visiteurs de la matinée : Evelyne, la guide officielle passe donc sa journée à attendre au pied des ruines, dans un endroit sans eau, les rares visiteurs. Loropéni figure les listes de l’UNESCO du Patrimoine Mondial de l’Humanité, ce qui a permis de débloquer des fonds pour faire de très beaux bâtiments, vides et climatisés, à l’entrée du site. Les estimations sont qu’il faudrait 30 à  50 ans de fouilles pour explorer le site sur les 8 siècles d’occupation identifiés, mais pour l’instant il n’y pas de fouilles en vue. Dans une visite précédente qu’a faite Ouransa, le guide a indiqué que le mortier contient du sang humain. Notre guide du jour n’en fera pas mention.

C’est le retour : nous disons au revoir à François, et je l’enregistre pour le dico Mono-mot  (voir la page : http://www.ce-artiste.fr/le-voyage-commence/)

Sur le chemin du retour à Bobo, en quête de boisson fraîche, nous nous arrêtons dans un village où il y a une  chefferie (ils ont un petit arc de triomphe érigé en leur honneur à côté du maquis où nous demandons de l’eau). Je vais voir un peu : une grande cour fermée avec des arbres, un lieu d’accueil vide, et quelques tombes. Certaines traditionnelles – rondes, en terre, recouvertes de plats et de couverts pour accompagner les défunts dans l’au-delà, et plusieurs tombes modernes : rectangulaires, recouvertes de céramique, avec plaque, date, nom… En regardant les dates, je note qu’il y a des enfants dans le lot. Le respect dû aux défunts ne passe semble-t-il pas par une déférence particulière pour les tombes : il y a un jeune homme assis sur l’une d’entre elles, qui semble réviser ses cours.

La nuit est en train de tomber, et dans un village, je distingue des chameaux : ce n’est pas un animal local ! Ouransa me dit que ce sont des nomades qui vont du Niger en Mauritanie. Dans les villages, contre quelques pièces, les enfants peuvent faire un tour en chameau.

Les dernières journées ont été très chaudes, et le ciel est très couvert, noir même à l’horizon. Pleuvra pleuvra pas ? sur la route, nous ne traversons pas d’orage ou d’averse, mais des endroits où il a plu. L’air y est plus frais, et l’odeur enivrante. Elle  me rappelle l’odeur du tabac à pipe.

La nuit est le moment où on transporte le bois vers les villes : des vieux Berliet des années 50 roulent – lentement –  sans feux, et les ânes qui transportent eux aussi ces charges ne sont pas plus visibles. Je suis bien aise de ne pas être au volant !

Arrivée à Bobo, où je vais commencer à travailler dans l’atelier.

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