récit, suite

Je continue mon récit sur les us des Lobis, même si je suis rentrée à Bobo depuis quelques jours… il y a de la matière !

Certaines maisons portent des traces blanches : cela signifie que le fétiche de la maison exige qu’on lui demande son accord – bien sur accompagné de sacrifices – avant de commencer à consommer la nouvelle récolte. Oui parce qu’en plus des fétiches (et leurs esprits) avec qui les féticheurs communiquent, il y a d’autres sortes de fétiches : les fétiches qui hébergent l’esprit d’un lieu (colline, rivière…), les fétiches des villages – à qui on s’adresse pour échapper à une épidémie, pour protéger les enfants…-, et les fétiches de la maison. Qui peuvent donc avoir des exigences spécifiques !

Et il y a la saison des fêtes après la récolte : de la même manière, il y a une cérémonie d’ouverture des festivités – valable pour toute la région – , et une cérémonie de fermeture de la saison, avec cela va sans dire demande faite aux fétiches. Les cérémonies regroupent à chaque fois les habitants de plusieurs villages, on y boit on y chante on y danse.

Nous visitons une maison dans un village. Chaque maison est conçue pour comme une forteresse : une entrée souvent basse pour déconcerter un ennemi possible, les animaux domestiques qui sont rentrés chaque jour pour être mis à l’abri (d’ailleurs, quand on rentre c’est dans l’espace des animaux).

Chaque femme a une pièce pour elle à partir de laquelle on peut accéder au toit, qui est le lieu de l’homme de la famille. On accède par une échelle, qui est un tronc incliné dans lequel on  a creusé des degrés – pas le genre d’escalier qui se dévale ! -Quand l’unique porte d’entrée est fermée, on peut donc circuler par l’intérieur. Du toit aussi on accède au grenier de la maison. Il y a aussi des greniers extérieurs, empruntés au peuple Gan : le grenier à l’intérieur de la maison est ‘le grenier’ sans précision, les greniers de l’extérieur s’appellent les greniers gan.

Ici, vue du dessus (du toit !) d’un grenier

Quand la porte est fermée on a donc à manger, et on peut se protéger d’assaillants ou d’animaux de la brousse.

Chaque femme à sa pièce, avec poteries qui contiennent ses richesses, un foyer pour cuisiner, et la poterie du divorce. Si le mari casse la poterie, c’est la répudiation. J’ai demandé ce qui se passerait si qqn d’autre que le mari casse la poterie : la sentence c’est toujours la répudiation ! Si un visiteur mal avisé ou maladroit le fait, il faut attendre le retour du mari, expliquer, organiser un sacrifice…

Si l’extérieur des maisons semble être très peu rangé (carcasses de vélo, bouts de plastique, poteries hors d’usage, bouts de tissu…) l’intérieur est extrêmement propre et vide. Dans la pièce d’une femme, les rangées de poteries qui contiennent ses richesses sont adossées à un mur, il y a aussi des poteries autour du foyer, quelques sacs dans un coin qui comprennent quelques pagnes et c’est tout. Tout est noir à cause de la suie du feu – mais, bon, il paraît que cela protège le bois des termites -.

Une nouvelle femme dans la maison? pas de problème : une nouvelle alvéole à la maison. Et un homme qui n’a qu’une femme est considéré comme un paresseux. 2, 3 femmes c’est la règle.

Un mari peut se protéger des infidélités possibles de sa femme en la ‘minant’. C’est-à-dire en lui faisant jeter un sort qui amènera malheur et/ou maladies et/ou mort d’un ou des deux protagonistes de l’infidélité, de préférence sans qu’elle le sache. Et donc quand un homme convoite une femme déjà mariée pour l’enlever, il va voir un féticheur pour vérifier si elle est ‘minée’, et identifier les actions à réaliser pour la déminer. Le système Lobi est matrilinéaire – à plusieurs reprises de ce court séjour, un Lobi nous a dit : la mère on sait qui c’est, le père il n’y a jamais de certitude….

Nous visitons la maison d’un balafoniste (il les réalise, et il en joue). Il y a là un duo de balafons pour les cérémonies de décès : vibrateurs sur les calebasses en toiles d’araignées, lien entre les lames en peau de biche, bois de la structure liés avec de la peau de vache. Ce sont des balafons qui peuvent être joués en dehors des cérémonies, et on a droit à un petit concert. Pour les balafons, le nombre de lames dépend de l’occasion à laquelle il est joué et ou du peuple qui l’utilise : 12,13, 14,17 lames ça dépend.

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