Bonjour Chacune, bonjour Chacun,

 

Je vous propose le récit de mon voyage au Burkina, vous pouvez me demander de ne plus en être destinataire quand vous voulez. Sans images cette fois, j’ai oublié le chargeur de la pile de l’appareil quelque part ailleurs.

 

Grâce aux bons soins d’Issa, qui a organisé mon arrivée – puce téléphonique, un peu de Francs CFA, réservation d’hôtel – …, et de son neveu Innocent, qui m’accueille à l’aéroport à Ouagadougou, me voici bien arrivé à Bobo Dioulasso. J’y reprends mes quartiers pour un mois.

Je suis dans le même hôtel que l’année dernière : je retrouve l’épicerie où je prends mon thé le matin, le marché à 3 pas, le café internet un peu plus loin et le stand de grillades à côté….

Une partie des personnes me reconnaissent, me souhaitent bonne arrivée, et je découvre l’expression ‘ça fait 2 jours’.

–          Eh bonjour ! ça fait deux jours, hein ?

–          comment ça va ?

–          on est là posés calés

–          et la famille ?

–          la famille ça va.

J’ai vu dans l’expression d’Innocent combien cela lui faisait plaisir que je lui demande des nouvelles. Je reprends contact aussi avec le rituel en Dioula.  Au marché, dimanche matin, je m’attirerai l’aigreur d’une dame pour m’être trompée de réplique – à ‘Ani Sogoma’, on ne répond pas ‘Akakéné ?’ , c’est parfaitement ridicule, mais ‘Eré Sira’. Et à ‘Sogomodo ?’, il faut répondre ‘Somogodo bê’.

Le vieux qui est dans l’épicerie à Bobo m’aborde de manière un peu plus rude, ‘et pourquoi elle revient celle-là ?’. l’année dernière il m’avait entreprise pour que je lui trouve une correspondante. Je lui avait demandé comment il souhaitait que je le présente, c’était manifestement une question qu’il ne s’était pas posée… dès le deuxième matin, cette fois-ci, il recommence…. J’y mets manifestement de la mauvaise volonté : si je lui demande quelqu’un avec qui correspondre, lui peut me fournir une liste de 20 personnes en qqs minutes. J’essaie de lui expliquer que mmmhhhhh ….. la relation n’est pas symétrique …. Que en France les gens courent beaucoup et ne vont pas prendre la peine de correspondre avec quelqu’un qu’ils ne connaissent pas …. Peine perdue. S’il insiste trop, j’envisage de changer d’endroit pour le matin : il est là tous les matins, habite dans la cour d’à côté, et comme c’est un vieux tout le monde est déférent avec lui.

Je vais revoir la tradi-praticienne Awa  au marché : elle m’accueille avec beaucoup de joie, heureuse de me revoir et c’est réciproque. Questions d’usages sur la santé, la famille, tout le monde va bien. Les enfants reviennent de l’école, gouter de beignets et de graines – tioko. Les petites filles sont toujours curieuses de toucher ma peau et mes cheveux. Ah bon vraiment ma peau est si douce que ça ? dans le noir vous feriez la différence entre la peau d’une blanche et la peau d’une noire, vous êtes sures ? Je dois acheter des assiettes et un plat. les enfants m’accompagnent et veulent porter mon sac pour retourner à la boutique. L’une d’elles, fatiguée, s’endort sur moi.

J’offre un parfum à Awa, et je dis que j’ai un cadeau pour toute la famille : l’année dernière j’avais passé un dimanche avec Awa  et 3 de ses petites filles dans la cour de sa maman. J’y avais pris des photos : j’ai fait des tirages de 20 cm x 30 cm de celles que je préférais. La plus grande des petites filles, fine observatrice, voit le carton dans mon sac. La fatigue du voyage l’a entrouvert,  et elle comprend qu’il s’agit de photos. Celles-ci semblent bien faire plaisir, la journée a été longue, et chacun retrouve ses quartiers.

Vendredi, premier jour dans l’atelier. J’y vais à pied, et je longe une grande parcelle où il y a du bois coupé. Je vais voir si je trouve un morceau de bois qui me plait et un homme qui travaille là m’explique : ici c’est le bois pour les boulangeries. Je trouve un morceau où des larves d’ insectes ont laissé leurs marques délicates et répétitives entre le bois et l’écorce. Aie, je ne peux pas partir sans rien donner, demander pour juste un morceau c’est délicat… je finis pas demander : le patron est bien embêté lui aussi. Il finit par me demander 1 000 F, ce qui me semble bien cher pour une seule buche ! – ici un plat de riz avec du poisson dans une gargote, c’est 500F. il me dit donne ce que tu veux, je donne 400 F, il a l’air déçu et j’espère que c’est assez quand même.

La journée  l’atelier se passe à faire diverses tentatives de moulage des empreintes sur le bois. C’est Mossé qui trouve la solution : il faut verser de la cire liquide sur toute la surface à mouler, et pour toute l’épaisseur de cire voulue. Je fais des gabarits en carton, je les mouille pour qu’ils s’adaptent  à la forme du bois, et nous utilisons cela.

Les cuisinières de la gargote du midi sont togolaises ;  la stéréo diffuse une musique calme et rythmée et entraînante – si si elle réussit à être tout ça à la fois. Il s’agit de musique d’Eglise protestante au Togo.

Samedi matin, les petites-filles de la tradi-praticienne me rendent visite : nous dansons un peu, et je vois comme elles captent immédiatement mes mouvements pour les reprendre. Je leur propose de danser comme elles ont envie, sans succès. La plus grande a 7 ans, parle bien français et fait l’interprète avec sa petite cousine de 6 ans. Elles sont fières de me montrer comme elles savent compter en dioula, puis en français, la plus grande sait déchiffrer – elle s’est emparée d’un livre -, et la plus petite fait la forme des lettres dans l’espace. L’école est mixte, les classes aussi, mais les garçons sont d’un côté de la salle de classe et les filles de l’autre. La faim arrive, que leur donner ? il y a au frigo du concombre qui a gelé, nous en dégustons de petits cubes glacés. Il y a aussi des carottes, allons-y pour les carottes. Puis nous allons à l’épicerie pour quelques courses : elles préfèreront les arachides salées au sucrées. La suite du projet n’est pas claire – sieste ? rentrer à la maison ? , et je comprends enfin qu’elles veulent regarder la télévision. Les dessins animés, c’est la chaîne 70. Nous sommes incapables de faire communiquer la boîte canal + et la télévision et celle-ci obstine à nous proposer un écran neigeux. Elles finissent par rentrer chez elles.

 

Samedi soir, je dîne dans un restau en plein air où je mange du poisson grillé et de l’attiéké. Les commandes passées, un jeune homme se présente : il est le ‘manager de la terrasse’. Il veut connaître mon prénom, me parle de sa famille en Guinée Konakry, de ses compétences de mécanicien ….Une jeune femme vient lui parler, manifestement son amie qui voudrait qu’il l’invite. La serveuse le rappelle à l’ordre, et cet étrange manager va vaquer ailleurs sur la terrasse. Quand je suis seule, j’attire régulièrement toutes sortes de ‘managers de terrasse’. A la fin du dîner , je comprends ce que les quelques adolescents déguenillés attendent en bout de terrasse : les restes. Après un échange mi-vif, mi-amusé, le serveur leur donne mon plat qui contenait des arrêtes et un peu d’attiéké. Le plat repart en cuisine parfaitement vide quelques minutes plus tard.

Ce dimanche se passe  à entretenir la flemmagite aigue qui m’a saisie hier après-midi, et je vous envoie ce mail du café internet où je reprends mes habitudes. Quand j’arrive, le tapis de prière est  prêt et le gérant s’apprête à entamer le rituel. Il m’indique le mot de passe du réseau, puis s’agenouille. C’est également le moment où la coupure d’électricité arrête le routeur, et nous devisons 40 m en attendant le retour de la fée Electricité.

Amitiés, bises, selon,

Cécile

 

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