Au bureau, et autres poèmes à écouter
3 textes écrits dans un grand bureau d’une grande entreprise, puis enregistrés.
associés à deux poèmes de la poétesse polonaise Wislawa Szymborska extraits du recueil de ‘de la mort sans exagérer’ ( les autres poèmes du recueil sont aussi magnifiques) (et désolée pour les polonophiles, je n’ai pas les bons accents dans le nom polonais)
Enregistrement : Le p’tit Studio
Catastrophe
Un recoin Gris le sol Gris les murs Gris le plafond Un frigo blanc glacier maculé a les joints en feston (catastrophe)
La machine à café s’est roidie et ne digère plus les capsules pourtant achetées à grand frais Il faudra alerter l’assistante
Lundi matin
Je garde mon bonnet Resserre mon écharpe Le chauffage n’a encore rien Chauffé ou si peu ou pas ici Dans la lumière grise je branche le cordon
Déménagement
A l’étage, un mur crème une lumière rasante Le siège rouge élimé solitaire Repose sur la moquette grise à pois gris Dans la boquette bleue Les archives empilées En séries Attendent l’arrivée du broyeur Les lampes hors d’usage auparavant statutaires comblent un grand caisson à roulettes 2-rouge-37 ira à 8-bleu-56 3-rouge-38 ira à 8-bleu-45 Le plan est affiché Prends tes étiquettes Je remplis mon carton Demain près de la fenêtre
L’accoudoir
Les portes sont uniformément larges et hautes uniformément séparées par des cloisons de même couleur qui compartimentent des bureaux identiques qui portent les mêmes étagères. Mais l'accoudoir peut être réglé en hauteur.
Les candidats
Les fausses plantes prennent la poussière sous le regard tantôt résigné tantôt vif tantôt fixe des candidats à la sélection Les panneaux rutilants exposent les nouveautés à grand renforts de sourires de la diversité et la satisfaction des clients à grands contours de couleurs laquées Le ménage est juste fini "Caution wet floor" l'hôtesse d'accueil accueille Je retire mon bonnet en attendant l'ascenseur
La recette de la sculpture en bronze
Prendre de la cire, et puis jouer
malaxer, rouler, aplatir, étirer
la marier avec du fer, avec du bois
avec du fil
strier , ciseler, lisser
un fer chaud, pour souder, pour les larmes
Être insatisfait, faire une boule,
recommencer.
Laisser émerger.
Pour la pomme il faut un noyau,
pour le poisson aussi.
Et puis envelopper soigneusement d’argile
une couche deux couches trois couches laisser sécher
Confier au fondeur.
Casser
Ebarber, limer, patiner : voilà, c’est prêt !
Le Manifeste d’Ouransa
rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme (Lavoisier)
Assembler, former, forger
et puis souder
Rêver et regarder d'abord
Un tuyau coudé,
Une poignée de moto, une selle de vélo, des ciseaux rouillés,
Et un clou,
Une bougie filetée, un amortisseur fatigué, une pale de ventilo
se réinventent en
oiseau, oiseau petit ou oiseau grand
oiseau prêt à nicher ou oiseau prêt à migrer
oiseau ventilo ou oiseau ciseau
ou œil de crocodile ou corne de taureau
ou gueule de dinosaure ou homme d'affaire
voire femme d'affaire
ou enfant en prière.
Poreuse
Poreuse. Voilà, j’ai trouvé le mot juste : aujourd’hui je suis poreuse. Tout pénètre en moi, tout suinte de moi. Tout pénètre en moi, est modifié, transformé, digéré, et le trop plein suinte à l’extérieur. Aujourd’hui, c’est la douleur. Les pleurs. La sueur. La peur.
Aujourd’hui, je suis aussi comme une chambre d’écho. Je m’appelle, et j’entends mon nom résonner dans mes os, ma peau, rebondir de part et d’autre de mon crâne, jusque sous les ongles de mes orteils. Et comment je m’appelle aujourd’hui ? Ma Belle, ma Tendre … Mon Enfant.. et ces mots, ces sons, ces sens, laissent des sillons lents, colorés, irisés, resplendissants dans mon corps. Tiens, je pourrais m’appeler mon Arc-En-Ciel aujourd’hui….Le soleil mêlé aux larmes….. et c’est l’alliance du soleil et des larmes qui font jaillir la protection de l’Arc, le spectre des Couleurs….rouge, orange, jaune, vert, bleu, violet, indigo (ou bien c’est dans l’autre sens : indigo, violet ?)… ça c’est l’ordre dans le ciel de dehors…. Mais dans mon ciel à moi ? je commence par l’orange. Et même, j’ajoute une couleur : Or. Et une autre : Bronze. Encore une autre: bleu nuit. Entre chien et loup. Charbon. Mat.
Il déambule le déambuleur
Il déambule le débuleur
Bonjour Chacune, bonjour Chacun,
pas de voyage en cours, pas géographique en tout cas, mais un voyage dans l’univers du batiment…
mon mari ramène ce soir des catalogues d’outilllage pro, et comme je ne peux pas résister à un catalogue, je le feuillette.
et voici ce que j’ai pris dans mes filets :
Dalle pododactyle
Conformateur double à équerre
Marchigraphe
Fissuromètre
Pluricoup
Araseur plastifeutre (pour l’arasement sans trusquinage)
Cisaille grignoteuse
Rouleau débuleur
(sorry for the no or little french speaking ones, just the fun of new words…).
Et que se passe-t-il hein quand le pluricoup teste la cisaille grignoteuse ? A moins que ça ne soit l’inverse ?
Bon voyage !
Réponse d’Arlette
Réponse de Cécile
Réponse d’Arlette
Je pense qu’il ramasse les pots cassés…
Réponse d’une amie d’Irène
Ho la la,mon rouleau débuleur a débulé tout d’un coup sans prévenir et j’ ai eu l’araseur plastifeutré à pluricoup.
J’ai eu très mal à ma dalle, alors j’ai téléphoné et j’ai aussi pododactylé une lettre au marchigraphe qui me l’avait vendu vu qu’il était encore sous garantie afin qu’il vienne sans tarder.
Quand il est arrivé il avait bien son conformateur double à équerre mais il avait oublié sa cisaille grignoteuse ce qui fait qu’il n’a rien pu faire ce jour là.
Depuis je lui pododactyle tous les jours des lettres virulentes car mon rouleau débule toujours et j’ai le fissuromètre à zéro.
Arabica
Certains jours, j’aimerais être du café Arabica du Mexique : conditionné sous atmosphère protectrice.